jeudi 26 décembre 2013
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Les lignes vont bouger...
Je rencontre de plus en plus souvent ces derniers temps des personnes, souvent électeurs du centre ou de la droite, qui sont révoltées par le cours des choses. Leur premier mouvement est parfois à la condamnation du monde politique dans son ensemble, accusé d'impuissance, de nombrilisme, quand ce n'est pire.
Pourtant il ne faut guère gratter pour constater que ces personnes -- même si elles soutiennent intuitivement Maggie De Block ou Sabine Laruelle, «pour leur pragmatisme» -- sont en fait très proches d'un projet de gauche. Elles s'indignent sans ambages du manque de volonté des actuels gouvernants à juguler les excès du monde financier, dont elles se rendent parfaitement compte du gigantesque impact qu'ils ont sur nos vies. Elles n'ont pas avalé la manière dont l'éponge a été passée -- et continue à l'être -- sur l'irresponsabilité caractérisée des banquiers. Elles conchient sans vergogne la politique d'exonération d'impôt pour les multinationales (notamment à travers les intérêts notionnels) dont elles se rendent compte qu'elle se paie au quotidien dans la dégradation des services publics dont nous sommes tous les usagers. Elles défendent mordicus les fondamentaux que sont l'éducation, les soins de santé, les pensions. Et l'austérité leur apparaît pour ce qu'elle est : un prodigieux contre-sens économique, qui appauvrit tout le monde sans résorber les déficits publics.
Généralement, ça coince pourtant sur deux points (et ce sont ces deux points qui les retiennent de voter pour la gauche de gauche) : les chômeurs et les immigrés.
À ces personnes, je voudrais dire ceci : défendre les plus faibles -- en plus d'être notre honneur d'êtres humains --, c'est défendre tout le monde. A contrario, organiser l'appauvrissement des chômeurs et des migrants (sans parler des malades, des jeunes, des vieux, des familles monoparentales et j'en passe), c'est -- sans le moindre doute, de la façon la plus mécanique -- organiser une concurrence démentielle qui aboutira à une dégradation des droits sociaux, des conditions de travail, des salaires de TOUTES ET TOUS.
Illustration extraite du film «L'An 01» (Jacques Doillon, Gébé, Alain Resnais et Jean Rouch, 1973).